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25/12/2025

Malgré des résultats solides pour les grands groupes, le climat d’instabilité freine l’investissement et pénalise les sous-traitants et les exportateurs.

Les droits de douane imposés à la Suisse par l’administration Trump, bien que revus à la baisse, vont peser lourdement sur certains secteurs et les PME. Le climat d’instabilité et d’incertitudes affecte la volonté d’investissement de nombreux entrepreneurs, avertissent les experts.

Au troisième trimestre, période prenant en compte pour la première fois les taxes américaines, les multinationales cotées sur l’indice vedette SMI ont majoritairement publié des résultats conformes ou mitigés comparés aux prévisions du marché. La plupart ont confirmé leurs perspectives financières pour l’ensemble de l’année.

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Parmi les rares exceptions figure Sika. Le chimiste de la construction a ravalé une bonne partie de ses ambitions de croissance à moyen terme et lancé un vaste plan de restructuration. En raison des incertitudes persistantes et de l’impact de la guerre commerciale, le logisticien Kuehne +Nagel a quant à lui réduit ses attentes de résultat d’exploitation (Ebit) pour l’ensemble de l’année.

La situation est plus difficile pour les sociétés plus petites et moins aptes à mitiger les effets des droits de douane. Le spécialiste des engrenages Klingelnberg a ainsi démultiplié sa perte nette sur les six mois de son exercice décalé 2025/26, clos fin septembre, alors que le fabricant genevois d’instruments de mesures Lem a affiché une performance en repli sur la même période. L’équipementier bâlois de salles blanches Skan a averti ne pas pouvoir atteindre ses objectifs de chiffres d’affaires et de bénéfices en 2025.

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Impact dès le «Liberation Day»

Quant aux PME helvétiques, les entreprises orientées vers le marché intérieur ont fait état d’une activité stable alors que celles établies à l’export ont affiché un repli d’activité, selon l’indice PMI compilé par la banque Raiffeisen. L’indicateur d’embauches a également baissé, signalant des perspectives plus moroses pour les petites et moyennes entreprises suisses.

«Nos clients ont commencé à ressentir les effets de la politique américaine dès le printemps», confie à l’agence AWP Clémentine Largeteau. Pour l’associée de la fiduciaire genevoise Echo, les entrepreneurs font face à une augmentation des incertitudes, en raison de l’imprévisibilité de la politique américaine.

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Les sous-traitants horlogers sont particulièrement affectés. «Pour eux, ce n’est pas une bonne nouvelle, car le marché était déjà en décroissance en 2024 et les perspectives 2025 prévoyaient un recul de l’activité et des exportations», détaille Clémentine Largeteau. «Nous avons constaté un recul du chiffre d’affaires et de la rentabilité de ces sociétés. Il reste à voir dans quelle mesure elles seront capables d’absorber ces droits de douane», a-t-elle ajouté.

Les exportations de montres suisses aux Etats-Unis poursuivent en effet leur recul après l’introduction en août de droits de douane par le président américain Donald Trump. En octobre, les livraisons vers ce pays ont chuté de 46,8%, après des plongeons de 55,6% en septembre et de 23,9% en août.

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«Le premier effet de ces taxes est l’incertitude qu’elles provoquent avec une baisse des investissements des entreprises, en raison du manque de visibilité», abonde l’économiste en chef de la Banque cantonale de Genève (BCGE), Valérie Lemaigre. «Les entreprises sont dans l’attente, quel que soit le secteur.»

Effet retard

Selon l’experte de la banque cantonale, «l’attente au niveau des investissements est anormale, car les autres conditions sont favorables: les taux d’intérêt sont bas, la liquidité est importante et les conditions de financement sont attractives et la profitabilité solide. Le frein vient vraiment de l’incertitude».

Les résultats d’entreprises risquent donc de marquer un coup de frein. «Les droits de douane de 39% (et maintenant à 15%) auront un impact significatif sur les marges si les sociétés n’arrivent pas à les répercuter sur leurs prix de vente», avertit Clémentine Largeteau. «39% était un chiffre indécent, 15% c’est toujours important mais une zone qui peut être absorbée par certains acteurs, pas par tous.»

Dans ce contexte, les grandes sociétés produisant aux Etats- Unis peuvent assez rapidement repositionner leur force de vente et de production. Mais pour une PME régionale qui n’en a pas forcément au niveau international, c’est plus compliqué, constate l’économiste de la BCGE. «Les PME actives dans la pharma sont pour l’heure immunisées contre les droits de douane, mais elles seront en difficulté si Donald Trump décide de taxer celles qui ne produisent pas sur place.»

L’impact sera néanmoins différé, analyse Clémentine Largeteau. «Les résultats de cette année seront moins bons qu’en 2024, mais les véritables effets sont attendus en 2026, car il faut un certain délai avant que cela ne touche les entreprises», prévoit l’experte. (AWP)